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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/193

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par M. Locke.

parlé tant de fois, sans les soins de ces gouverneurs établis, tous les gouvernenens seroient bientôt fondus, et auroient été détruits dans la foiblesse et les infirmités de leur enfance ; le Prince et le peuple seroient péris tous ensemble dans peu de tems.

XVII. Le premier âge du monde étoit un âge d’or. L’ambition, l’avarice, amor sceleratus habendi, les vices qui règnent aujourd’hui, n’avoient pas encore corrompu les cœurs des hommes, dans ce bel âge, et ne leur avoient pas donné de fausses idées au sujet du pouvoir des Princes et des gouverneurs. Comme il y avoit beaucoup plus de vertu, les gouverneurs y étoient beaucoup meilleurs, et les sujets moins vicieux. En ce tems-là, les gouverneurs et les magistrats, d’un côté, n’étendoient pas leur pouvoir et leurs privilèges, pour opprimer le peuple, ni de l’autre, le peuple ne se plaignoit point des priviléges et de la conduite des gouverneurs et des magistrats, et ne s’efforçoit point de diminuer ou de réprimer leur pouvoir ; ainsi, il n’y avoit entre eux nulle contestation au sujet du gouvernement. Mais lorsque l’ambition, le luxe et l’avarice, dans les siècles suivans, ont voulu retenir et accroî-