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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/210

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Du Gouvernement Civil,

soumettent à un gouvernement, c’est de conserver leurs propriétés, pour la conservation desquelles bien des choses manquent dans l’état de nature.

III. Premièrement, il y manque des loix établies, connues, reçues et approuvées d’un commun consentement, qui soient comme l’étendart du droit et du tort, de la justice et de l’injustice, et comme une commune mesure capable de terminer les différends qui s’élèveroient. Car bien que les loix de la nature soient claires et intelligibles à toutes les créatures raisonnables ; cependant les hommes étant poussés par l’intérêt aussi bien qu’ignorans à l’égard de ces loix, faute de les étudier, ne sont guère disposés, lorsqu’il s’agit de quelque cas particulier qui les concerne, à considérer les loix de la nature, comme des choses qu’ils sont très-étroitement obligés d’observer.

IV. En second lieu, dans l’état de nature, il manque un juge reconnu, qui ne soit pas partial, et qui ait l’autorité de terminer tous les différends, conformément aux loix établies. Car, dans cet état-là, chacun étant juge et revêtu du pouvoir de faire exécuter les loix de la nature, et d’en punir les infracteurs, et les hommes étant partiaux, prin-