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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/230

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Du Gouvernement Civil,

ment, ce seroit ne leur laisser rien qui leur appartînt en propre. Pour nous convaincre que le pouvoir absolu, lors même qu’il est nécessaire de l’exercer, n’est pas néanmoins arbitraire, mais demeure toujours limité par la raison, et terminé par ces mêmes fins qui requièrent, en certaines rencontres, qu’il soit absolu, nous n’avons qu’à considérer ce qui se pratique dans la discipline militaire. La conservation et le salut de l’armée et de tout l’état, demandent qu’on obéisse absolument aux commandemens des officiers supérieurs ; et on punit de mort ceux qui ne veulent pas obéir, quand même celui qui leur donne quelque ordre seroit le plus fâcheux et le plus déraisonnable de tous les hommes ; il n’est pas même permis de contester ; et si on le fait, on peut être, avec justice, puni de mort ; cependant, nous voyons qu’un sergent, qui peut commander à un soldat de marcher pour aller se mettre devant la bouche d’un canon, ou pour se tenir sur une brèche, où ce soldat est presque assuré de périr, ne peut lui commander de lui donner un sol de son argent. Un général non plus, qui peut condamner un soldat à la mort, pour avoir déserté, [pour]