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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/240

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Du Gouvernement Civil,

d’une fin, étant limité par cette fin-là, dès que cette fin vient à être négligée par les personnes qui ont reçu le pouvoir dont nous parlons, et qu’ils font des choses qui y sont directement opposées ; la confiance qu’on avoit prise en eux, doit nécessairement cesser et l’autorité qui leur avoit été remise est dévolue au peuple, qui peut la placer de nouveau, où il jugera à propos, pour sa sûreté et pour son avantage. Ainsi, le peuple garde toujours le pouvoir souverain de se délivrer des entreprises de toutes sortes de personnes, même de ses législateurs, s’ils venoient à être assez fous ou assez méchans, pour former des desseins contre les libertés et les propriétés des sujets. En effet, personne, ni aucune société d’hommes, ne pouvant remettre sa conservation, et conséquemment tous les moyens qui la procurent, à la volonté absolue et à la domination arbitraire de quelqu’un, quand même quelqu’un en auroit réduit d’autres à la triste condition de l’esclavage, ils seroient toujours en droit de maintenir et conserver ce dont ils n’auroient point droit de se départir ; et étant entrés en société dans la vue de pouvoir mieux conserver leurs personnes, et tout ce qui leur appar-