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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/252

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Du Gouvernement Civil,

les coutumes et les privilèges, lorsque les raisons qui les avoient établis ont cessé ; il est arrivé souvent aussi que dans les gouvernement ou une partie de l’autorité législative représente le peuple, et est choisie par le peuple, cette représentation, dans la suite du tems, ne s’est trouvée guère conforme aux raisons qui l’avoient établie du commencement. Il est aisé de voir combien grandes peuvent être les absurdités, dont seroient suivie l’observation exacte des coutumes, qui ne se trouvent plus avoir de proportion avec les raisons qui les ont introduites : il est aisé de voir cela, si l’on considère que le simple nom d’une fameuse ville, dont il ne reste que quelques masures, au milieu desquelles il n’y a qu’une étable à moutons, et ne se trouve pour habitans qu’un berger, fait envoyer à la grande assemblée des législateurs, autant de députés représentatifs, que tout un comté infiniment peuplé, puissant et riche y en envoie. Les étrangers demeurent tous surpris de cela ; et il n’y a personne qui ne confesse que la chose a besoin de remède. Cependant, il est très-difficile d’y remédier, à cause que la constitution de l’autorité législative étant l’acte originaire et suprême de la société,