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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/272

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Du Gouvernement Civil,

en propre à ses membres. Or, le pouvoir que chacun a dans l’état de nature, et dont on se dépouille entre les mains d’une société, consiste à user des moyens les plus propres, et que la nature permet, pour conserver ce qu’on possède en propre, et pour punir ceux qui violent les loix de la nature ; ensorte qu’en cela on travaille le plus efficacement, et le plus raisonnablement qu’il est possible, à sa propre conservation, et à la conservation du reste des hommes. La fin donc, et le grand objet de ce pouvoir, lorsqu’il est entre les mains de chaque particulier, dans l’état de nature, n’étant autre chose que la conservation de tous ceux de la société, c’est-à-dire, de tous les hommes en général, lorsqu’il vient à passer et à résider entre les mains des magistrats et des Princes, ne doit avoir d’autre fin, ni d’autre objet que la conservation des membres de la société, sur laquelle ils sont établis, que la conservation de leurs vies, de leurs libertés, et de leurs possessions ; et par une conséquence, dont la force et l’évidence ne peuvent que se faire sentir, ce pouvoir ne sauroit légitimement être un pouvoir absolu et arbitraire à l’égard de leurs vies et de leurs biens, qui doivent être conservés le mieux