Aller au contenu

Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
par M. Locke.

souffrir parce qu’il a remporté des victoires ; ils sont, sans doute, aussi libres qu’ils l’étoient auparavant. Ils servent, d’ordinaire, sous cette condition, qu’ils auront part au butin et aux autres avantages dont les victoires sont suivies : et un peuple victorieux ne devient point esclave par des conquêtes, et n’est pas couvert de lauriers, pour faire voir qu’il est destiné au sacrifice, pour le jour de triomphe de son général. Ceux qui croient que l’épée établit des monarchies absolues, élèvent infiniment les héros qui sont les fondateurs de ces sortes de monarchies, et leur donnent des titres superbes et magnifiques. Ils ne songent point aux officiers ni aux soldats, qui ont combattu sous les enseignes de ces héros, dans les batailles qu’ils ont gagnées, qui les ont assistés à subjuguer les pays dont ils se sont rendus maîtres, et qui ont demandé part, et à la gloire et à la possession de ce qui a été conquis. Quelques-uns ont dit que la monarchie anglaise est fondée sur la conquête des Normands, et que par cette conquête fameuse les Rois d’Angleterre ont le droit de domination absolue. Mais, quand cela seroit aussi vrai, qu’il paroît faux par l’histoire, et que Guillaume auroit eu droit de faire la guerre