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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/294

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Du Gouvernement Civil,

de la restituer incessamment. Si un homme prend par force mon cheval, il est d’abord obligé de me le rendre ; et j’ai toujours le droit de le reprendre, si je puis. Par la même raison, celui qui m’arrache de force une promesse, est tenu de me la rendre incessamment, c’est-à-dire, de m’en tenir quitte ; ou je puis la reprendre moi-même et la rétracter, c’est-à-dire, qu’il m’est permis de la tenir ou de ne la pas tenir. En effet, les loix de la nature m’imposant des obligations, seulement par leurs réglemens et par les choses qu’elles prescrivent, ne peuvent m’obliger à rien par la violation de leurs propres réglemens ; telle qu’est l’action de ceux qui m’extorquent et m’arrachent de force quelque chose. Et il ne sert de rien de dire, que j’ai promis ; car il est aussi vrai que ma promesse, en cette occasion, ne m’engage et ne m’oblige à rien, qu’il l’est, que je ne rends point juste et légitime la violence d’un voleur, lorsque je mets la main dans mon gousset, et que j’en tire ma bourse, et la remets moi-même entre les mains du voleur qui me la demande le pistolet à la main.

XIII. De tout cela, il s’ensuit que le gouvernement d’un conquérant, établi par force [sur]