Aller au contenu

Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
par M. Locke.

droit naturel : et quant aux biens qui leur appartiennent en propre, qu’ils soient grands ou petits, eux seuls en peuvent disposer ; autrement, ce ne seroient point des biens propres. Supposons qu’un conquérant donne à un homme mille arpens de terre, pour lui et pour ses héritiers, à perpétuité, et qu’il laisse à un autre mille arpens, à vie, moyennant la somme de 50 liv. ou de 500 liv. par an ; l’un d’eux n’a-t-il pas droit sur mille arpens de terre, à perpétuité, et l’autre sur autant pendant sa vie, en payant la rente que nous avons marquée ? De plus, celui qui tient la terre de mille arpens, n’a-t-il pas un droit de propriété sur tout ce que durant le tems prescrit, il gagne et acquiert, par son travail et son industrie, au-delà de la rente qu’il est obligé de payer, quand même il auroit acquis et gagné le double de la rente ? A-t-on raison de dire qu’un Roi ou un conquérant, après avoir accordé et stipulé ce qu’on vient de voir, peut, par son droit de conquête, prendre toute la terre, ou une partie, aux héritiers de l’un, ou à l’autre, durant sa vie, et pendant qu’il paie exactement la rente qui a été constituée ? Ou, peut-il prendre à l’un ou à l’autre, selon son bon plaisir,