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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/319

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par M. Locke.

mens, dans lesquels les conducteurs sont devenus généralement suspects à leur peuple, et il ne sauroit y avoir d’état plus dangereux pour ceux qui tiennent les rênes du gouvernement, mais où ils soient moins à plaindre, parce qu’il leur étoit facile d’éviter un tel état ; car, il est impossible qu’un Prince ou un Magistrat, s’il n’a en vue que le bien de son peuple et la conservation de ses sujets et de leurs loix, ne le fasse connoître et sentir ; tout de même qu’il est impossible qu’un père de famille ne fasse remarquer à ses enfans, par sa conduite, qu’il les aime et prend soin d’eux.

XII. Si tout le monde observe que les prétextes qu’on allègue pour justifier une conduite, sont entièrement opposés aux actions et aux démarches de ceux qui les allèguent ; qu’on emploie tout ce que l’adresse, l’artifice et la subtilité ont de plus fort, pour éluder les loix ; qu’on se sert du crédit et de l’avantage de la prérogative[1], d’une manière contraire à la fin pour laquelle elle a été accordée ; qu’on choisit des

  1. On a expliqué ci-devant, Ch. XIII, §. 2, ce qu’on entend par prérogative.