Aller au contenu

Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
332
Du Gouvernement Civil,

croiroit avoir été offensé, d’établir une nouvelle puissance législative. Je réponds, au contraire, qu’il est très-difficile de porter le peuple à changer la forme de gouvernement à laquelle il est accoutumé ; et que s’il y avoit dans cette forme quelques défauts originaires, ou qui auroient été introduits par le tems, ou par la corruption et les déréglemens du vice, il ne seroit pas aussi aisé qu’on pourroit croire, de l’engager à vouloir remédier à ces défauts et à ces désordres, quand même tout le monde verroit que l’occasion seroit propre et favorable.

L’aversion que le peuple a pour ces sortes de changemens, et le peu de disposition qu’il a naturellement à abandonner ses anciennes constitutions, ont assez paru dans les diverses révolutions qui sont arrivées en Angleterre, et dans ce siècle, et dans les précédens. Malgré toutes les entreprises injustes des uns et les mécontentemens justes des autres, et après quelques brouilleries, l’Angleterre a toujours conservé la même forme de gouvernement, et a voulu que le pouvoir suprême fût exercé par le Roi et par le parlement, selon l’ancienne coutume. Et ce qu’il y a de bien remarqua-