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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/340

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Du Gouvernement Civil,

lui a imposé avec tant d’injustice. Il fait plus, il desire, il recherche des moyens qui puissent mettre fin à ses maux : et comme les choses humaines sont sujettes à une grande inconstance, les affaires ne tardent guère à tourner de sorte qu’on puisse se délivrer de l’esclavage. Il n’est pas nécessaire d’avoir vécu long-tems, pour avoir vu des exemples de ce que je dis : ce tems-ci en fournit de considérables ; et il ne faut être guère versé dans l’histoire, si l’on n’en peut produire de semblables, à l’égard de toutes les sortes de gouvernemens qui ont été dans le monde.

XV. En second lieu, je réponds que les révolutions, dont il s’agit, n’arrivent pas dans un état pour de légères fautes commises dans l’administration des affaires publiques. Le peuple en supporte même de très-grandes, il tolère certaines loix injustes et fâcheuses, il souffre généralement tout ce que la fragilité humaine fait pratiquer de mauvais à des Princes, qui, d’ailleurs, n’ont pas de mauvais desseins. Mais si une longue suite d’abus, de prévarications et d’artifices, qui tendent à une même fin, donnent à entendre manifestement à un peuple, et lui font sentir qu’on a formé des