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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/44

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Du Gouvernement Civil,

faire tort à son prochain ; et que les loix de la nature, qui a pour but la tranquillité et la conservation du genre-humain, soient observées, la nature a mis chacun en droit dans cet état, de punir la violation de ses loix, mais dans un degré qui puisse empêcher qu’on ne les viole plus. Les loix de la nature, aussi bien que toutes les autres loix, qui regardent les hommes en ce monde, seroient entièrement inutiles, si personne, dans l’état de nature, n’avoit le pouvoir de les faire exécuter, de protéger et conserver l’innocent, et de réprimer ceux qui lui font tort. Que si dans cet état, un homme en peut punir un autre à cause de quelque mal qu’il aura fait ; chacun peut pratiquer la même chose. Car en cet état de parfaite égalité, dans lequel naturellement nul n’a de supériorité, ni de jurisdiction sur un autre, ce qu’un peut faire, en vertu des loix de la nature, tout autre doit avoir nécessairement le droit de le pratiquer.

V. Ainsi, dans l’état de nature chacun a, à cet égard, un pouvoir incontestable sur un autre. Ce pouvoir néanmoins n’est pas absolu et arbitraire, ensorte que lorsqu’on a entre ses mains un coupable, l’on ait droit de le punir par passion et de s’aban-