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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/46

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Du Gouvernement Civil,

chacun, par le droit qu’il a de conserver le genre-humain, peut réprimer, ou, s’il est nécessaire, détruire ce qui lui est nuisible : en un mot, chacun peut infliger à une personne qui a enfreint ces loix, des peines qui soient capables de produire en lui du repentir et lui inspirer une crainte, qui l’empêchent d’agir une autre fois de la même manière, et qui même fassent voir aux autres un exemple qui les détourne d’une conduite pareille à celle qui les lui a attirées. En cette occasion donc, et sur ce fondement[1], chacun a droit de punir les coupables, et d’exécuter les loix de la nature.

VI. Je ne doute point que cette doctrine ne paroisse à quelques-uns fort étrange : mais avant que de la condamner, je souhaite qu’on me dise par quel droit un Prince ou un état peut faire mourir ou punir un étranger, qui aura commis quelque crime dans les terres de sa domination. Il est certain que les loix de ce Prince ou de cet

  1. Cette restriction est encore nécessaire : et on doit y faire bien attention, en se souvenant que c’est ce que dictent les loix de la nature, dans l’état de nature.