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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/49

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par M. Locke.

de sa propre autorité, pardonner les offenses et les crimes : mais il ne peut point disposer de même de la satisfaction due à une personne privée, à cause du dommage qu’elle a reçu. La personne qui a souffert en cette rencontre, a droit de demander la satisfaction ou de la remettre ; celui qui a été endommagé, a le pouvoir de s’approprier les biens ou le service de celui qui lui a fait tort : il a ce pouvoir par le droit qu’il a de pourvoir à sa propre conservation ; tout de même que chacun, par le droit qu’il a de conserver le genre-humain, et de faire raisonnablement tout ce qui lui est possible sur ce sujet, a le pouvoir de punir le crime, pour empêcher qu’on ne le commette encore. Et c’est pour cela que chacun, dans l’état de nature, est en droit de tuer un meurtrier, afin de détourner les autres de faire une semblable offense, que rien ne peut réparer, ni compenser, en les épouvantant par l’exemple d’une punition à laquelle sont sujets tous ceux qui commettent le même crime ; et ainsi mettre les hommes à l’abri des attentats d’un criminel, qui ayant renoncé à la raison, à la règle, à la mesure commune que Dieu a donnée au genre-humain, a, par une injuste violence