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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/62

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Du Gouvernement Civil,

ma conservation, celui qui est dans la résolution de me ravir la liberté, laquelle en est, pour ainsi dire, le rempart. De sorte que celui qui entreprend de me rendre esclave, se met par-là avec moi dans l’état de guerre. Lorsque quelqu’un dans l’état de nature, veut ravir la liberté qui appartient à tous ceux qui sont dans cet état, il faut nécessairement supposer qu’il a dessein de ravir toutes les autres choses, puisque la liberté est le fondement de tout le reste ; tout de même qu’un homme, dans un état de société ; qui raviroit la liberté, qui appartient à tous les membres de la société, doit être considéré comme ayant dessein de leur ravir toutes les autres choses, et par conséquent comme étant avec eux dans l’état de guerre.

III. Ce que je viens de poser, montre qu’un homme peut légitimement tuer un voleur qui ne lui aura pourtant pas causé le moindre dommage, et qui n’aura pas autrement fait connoître qu’il en voulut à sa vie, que par la violence dont il aura usé pour l’avoir en son pouvoir, pour prendre son argent, pour faire de lui tout ce qu’il voudroit. Car ce voleur employant la violence et la force, lorsqu’il n’a aucun droit de me mettre en son pouvoir et en sa dis-