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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/72

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Du Gouvernement Civil,

dit, personne ne pouvant, par convention, et de son consentement, céder et communiquer à un autre ce qu’il n’a point lui-même, ne peut aussi donner à un autre aucun pouvoir sur sa propre vie.

IV. J’avoue que nous lisons que, parmi les Juifs[1], aussi bien que parmi les autres nations, les hommes se vendoient eux-mêmes : mais il est visible que c’étoit seulement pour être serviteurs, et non esclaves. Et comme ils ne s’étoient point vendus

    le conquérant est absolument maître de son prisonnier, qu’il peut, conformément à la loi naturelle, traiter comme celui-ci auroit pu le traiter, s’il l’eût pris, c’est-à-dire, le dépouiller de ses biens, et même de sa vie. Mais quand le conquérant a accordé la vie à son esclave, à condition de le servir, je soutiens que c’est un contrat, qui ôte au premier le droit de vie sur le dernier, qu’il ne peut même vendre ou donner à un autre maître.

  1. Lorsque ton frère étant réduit à la pauvreté, se sera vendu à toi, tu ne le contraindras pas à te servir comme un esclave. Levit. XXV, 39. Ce passage prouve qu’il y avoit avant Moïse des esclaves dont la condition étoit pire que celle des serviteurs, gens qui s’étoient vendus ou engagés pour servir celui qui leur donnoit la nourriture et les choses nécessaires à la vie, ce qui fait dire à Chrysipe, au rapport de Séneque, que ce sont des mercenaires perpétuels.