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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/88

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Du Gouvernement Civil,

des hommes, ou leur donner sujet de se plaindre, et de se croire offensés et incommodés par les démarches d’un tel homme ou d’une telle famille ; quoique la race du genre-humain ayant extrêmement multiplié, se soit répandue par toute la terre, et excède infiniment, en nombre, les habitans du premier âge du monde. Et l’étendue d’une possession est de si peu de valeur sans le travail, que j’ai entendu assurer qu’en Espagne même, un homme avoit permission de labourer, semer et moissonner dans des terres, sur lesquelles il n’avoit d’autre droit, que le présent et réel usage qu’il faisoit de ces sortes de fonds. Bien loin même que les propriétaires trouvent mauvais le procédé d’un tel homme ; ils croient, au contraire, lui être fort obligés à cause que, par son industrie et ses soins, des terres négligées et désertes ont produit une certaine quantité de bled, dont on manquoit. Quoi qu’il en soit, car je ne garantis pas la chose, j’ose hardiment soutenir que la même mesure et la même régle de propriété ; savoir, que chacun doit posséder autant de bien qu’il lui en faut pour sa subsistance, peut avoir lieu aujourd’hui, et pourra toujours avoir lieu dans le monde,