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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/96

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Du Gouvernement Civil,

Certainement, nous trouverons qu’elles reçoivent de l’industrie humaine leur plus grande utilité et leur plus grande valeur. Le pain, le vin, le drap, la toile, sont des choses d’un usage ordinaire, et dont il y a une grande abondance. À la vérité, le gland, l’eau, les feuilles, les peaux nous peuvent servir d’aliment, de breuvage, de vêtement : mais le travail nous procure des choses beaucoup plus commodes et plus utiles. Car le pain, qui est bien plus agréable que le gland ; le vin, que l’eau ; le drap et la soie, plus utiles que les feuilles, les peaux et la mousse, sont des productions du travail et de l’industrie des hommes. De ces provisions, dont les unes nous sont données pour notre nourriture et notre vêtement par la seule nature, et les autres nous sont préparées par notre industrie et par nos peines, qu’on examine combien les unes surpassent les autres en valeur et en utilité : et alors on sera persuadé que celles qui sont dues au travail, sont bien plus utiles et plus estimables ; et que la matière que fournit un fonds, n’est rien en comparaison de ce qu’on en retire par une diligente culture. Aussi, parmi nous-même, une terre qui est abandonnée, où l’on ne