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Du Gouvernement Civil,

ductions du travail. En effet, ce n’est pas seulement la peine d’un laboureur, la fatigue d’un moissonneur ou de celui qui bat le bled, et la sueur d’un boulanger, qui doivent être regardées comme ce qui produit enfin le pain que nous mangeons ; il faut compter encore le travail de ceux qui creusent la terre, et cherchent dans ses entrailles le fer et les pierres ; de ceux qui mettent en œuvre ces pierres et ce fer ; de ceux qui abattent des arbres, pour en tirer le bois nécessaire aux charpentiers ; des charpentiers, des faiseurs de charrues ; de ceux qui construisent des moulins et des fours, de plusieurs autres dont l’industrie et les peines sont nécessaires par rapport au pain. Or, tout cela doit être mis sur le compte du travail. La nature et la terre fournissent presque les moins utiles matériaux, considérés en eux-mêmes ; et l’on pourroit faire un prodigieux catalogue des choses que les hommes ont inventées, et dont ils se servent, pour un pain ; par exemple, avant qu’il soit en état d’être mangé, ou pour la construction d’un vaisseau, qui apporte de tous côtés tant de choses si commodes et si utiles à la vie : je serois infini, sans doute, si je voulois rap-