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Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/142

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écoutait le vent, appelant en vain le sommeil, non qu’il fût effrayé, mais il n’avait point l’habitude de dormir au milieu d’un tel tumulte et de si violentes secousses. Jamais il n’aurait cru qu’un bateau comme le Dazzler pût se livrer impunément à de pareilles cabrioles. Tantôt il penchait sur le travers au point de chavirer, tantôt il bondissait vers le ciel et retombait sur les vagues avec de formidables craquements, comme si sa quille avait été éventrée et réduite en morceaux. D’autres fois il se raidissait si brusquement sur ses aussières que toute sa membrure gémissait sous la violence du choc.

Frisco Kid, éveillé en sursaut, dit en riant à son camarade :

« Voilà ce qui s’appelle tenir le coup. Mais attends le lever du jour, et tu nous verras louvoyer. Aussi vrai que je me nomme Frisco Kid, plus d’un sloop ira à la côte. »

Là-dessus, il se retourna sur sa couchette et se rendormit.

Joë l’enviait.

Vers trois heures du matin, il entendit Pete-le-Français se lever, à l’avant, et farfouiller dans les coffres du bateau. Joë l’observa avec curiosité. Dans la clarté confuse des lampes se balançant au plafond, il le vit en retirer deux rouleaux de filin de secours qu’il monta sur le pont. Joë comprit qu’il les rattachait aux aussières pour allonger celles-ci.

À quatre heures et demie, Pete-le-Français avait allumé le feu et à cinq heures il appelait les deux jeunes garçons pour prendre le café. Après quoi, Joë et Frisco Kid se glissèrent dans le cockpit pour con-