Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/154

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sance à fournir de plus amples explications. Il s’efforça de rappeler tous ses souvenirs. Sur l’écran de sa mémoire défilèrent, en une rapide succession, les fillettes avec qui il avait fréquenté l’école : les sœurs de ses petits camarades, les amies de sa propre sœur, des maigres et des boulottes, des grandes et des petites, des écolières aux yeux bleus ou aux yeux sombres, aux cheveux bouclés, aux cheveux noirs, aux cheveux blonds ; une procession de gamines de toutes sortes. Mais, au prix de sa vie, il n’aurait pu en dire davantage à leur sujet. N’étant pas lui-même une « femmelette », il préférait jouer avec les garçons plutôt que de s’intéresser aux fillettes de son école.

« Toutes pareilles, conclut-il en désespoir de cause. Toutes pareilles à celles que tu connais déjà, Kid, tu peux m’en croire.

— Mais je n’en connais aucune ! »

Joë sifflota.

« Et tu n’en as jamais connu ?

— Si, une, Carlotta Gispardi. Par malheur, elle ne savait pas l’anglais et je ne connaissais pas le macaroni. Et la pauvre gosse est morte… Alors, bien que je n’aie jamais eu l’occasion de fréquenter les filles, je crois que j’en sais autant que toi sur leur compte.

— Et je parie en connaître plus long que toi sur les aventures à travers le monde. »

Les deux jeunes matelots éclatèrent de rire.

Quelques instants plus tard, Joë se plongea dans une profonde rêverie. Il comprit soudain qu’il n’avait pas su apprécier les douceurs que la vie lui avait jusque-là prodiguées. Déjà la pensée de son foyer, de