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Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/163

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« J’ai cru mourir dans cet « asile », dans cette prison. Car nous étions claquemurés et gardés comme de véritables prisonniers. Malgré tout, si j’avais pu rencontrer de la sympathie chez mes jeunes compagnons, je me serais résigné à cette pitoyable existence. Mais c’étaient des voyous des rues, de la pire espèce : menteurs, sournois et lâches, sans aucune étincelle de virilité ni la moindre notion d’honnêteté et de loyauté.

« Un seul plaisir dans cette geôle : la lecture. Ah ! j’en ai dévoré des livres ! Mais cette distraction ne suffisait pas à me faire oublier la liberté, le soleil, la mer. Quel crime avais-je donc commis pour être enfermé avec toutes ces petites gouapes ? Au lieu de faire le mal, je m’étais efforcé de me bien conduire, de m’amender, et voilà quelle était ma récompense ! Je n’étais pas encore assez vieux pour raisonner sur toutes ces questions.

« Parfois, je revoyais, en imagination, le soleil scintiller sur les flots et blanchir les voiles du Reindeer, poussé mollement par la brise. À de tels moments, je me sentais si démoralisé que je savais à peine où j’en étais. Alors les autres gamins venaient me harceler de leurs mesquines persécutions. Pour me débarrasser d’eux, je leur flanquais des tripotées. Les gardiens, croyant me punir, me fourraient au cachot.

« Incapable de tenir plus longtemps, je guettai l’instant propice et je m’enfuis de cet enfer, puisque j’étais un paria dans la société des hommes. C’est alors que je rencontrai Pete-le-Français et partis avec lui sur la baie.

« Voilà toute mon histoire. Je tenterai une fois