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Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/170

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nuit, s’attardant encore à l’occident, se retirait lentement sous leurs regards.

Pete-le-Français venait de franchir le détroit de Raccoon et étudiait les mouvements d’un sloop-yacht qui, un demi-mille à l’arrière, s’avançait en piquant du nez.

« Alors, tu t’imagines que tu vas rattraper le Dazzler ? »

Et, poursuivi par le bateau en question, il dirigea le Dazzler tout droit sur la Porte d’Or.

Le yacht ne les lâchait pas. Joë l’observa pendant un long moment. Il suivait une course parallèle à eux, et les dépassait de vitesse.

« Mais à cette allure, s’écria le jeune garçon, ils seront sur nous quand ils voudront ! »

Pete-le-Français éclata de rire.

« Tu crois ça ? Peuh ! Ils laissent porter. Nous, nous serrons le vent davantage. Ils ont peur du vent, tandis que nous lui « essuyons les yeux » comme nous disons nous autres marins. Patiente un peu. Tu verras. Nous finirons par les battre, même s’ils ont le cran de passer la barre, ce qui m’épaterait. »

Devant eux, les grosses lames de l’océan s’élançaient vers le ciel et se brisaient en crêtes d’écume rugissante.

À tribord, une goélette à vapeur avançait à grand-peine, tantôt roulant au point de montrer hors de l’eau sa carène ruisselante, tantôt dressant son pont dont le chargement de bois dépassait largement les rambardes.

Cette lutte entre l’homme et les éléments était magnifique. Joë avait perdu toute sa timidité, ses