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Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/28

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visionnement en cerfs-volants ; car à chaque accident, que la corde cassât ou que le vent fît défaut subitement, leurs appareils tombaient dans l’Abîme, où il leur était impossible de les retrouver. La raison en était que la jeune population de l’Abîme était une race de pillards et de voleurs, imbus d’idées spéciales sur le droit de propriété.

Le lendemain du jour où quelque catastrophe survenait au cerf-volant d’un Montagnard, on revoyait habituellement ce même cerf-volant planer au bout d’une ficelle dont l’autre extrémité était tenue en main par un habitant de l’Abîme. Il en résulta même que les diablotins de l’Abîme, en dépit de leur pauvreté, qui ne leur permettait pas de lancer des cerfs-volants de façon scientifique, acquirent une grande habileté dès lors que s’y adonnèrent leurs voisins de la Montagne.

Cette récréation des jeunes montagnards profita aussi à un vieux matelot très expert dans l’art d’orienter les voiles, et la science des courants d’air : malin et adroit de ses mains, il fabriqua bientôt les meilleurs cerfs-volants qu’on pût se procurer.

Il habitait tout près de la mer une cabane branlante d’où sa vue obscurcie pouvait encore observer les flux et reflux de la marée et le passage des navires, ce qui lui rappelait les anciens jours où lui aussi s’en fallait en mer.

Pour atteindre cette cahute en venant de la Montagne, il fallait traverser l’Abîme, et c’est vers lui que se dirigeaient les trois jeunes garçons.

Souvent ils y étaient allés chercher des cerfs-volants, mais c’était en plein jour, pour la première