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Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/74

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— Je remporte mes bouquins, tu le vois. Que supposais-tu donc ?

— Allons ! allons ! coupa Fred. Assez de cachoteries, Joë. Raconte-nous ce qui se passe.

— Tu le sauras assez tôt », répondit Joë, d’un ton beaucoup plus significatif qu’il ne l’eût souhaité.

Redoutant de se trahir davantage, il tourna le dos à ses petits camarades stupéfaits, et s’éloigna d’un pas rapide. Il se rendit tout droit à la maison et s’occupa aussitôt à mettre de l’ordre dans ses affaires. Il pendit soigneusement ses effets dans la garde-robe et échangea le costume qu’il portait contre un vieux complet. Il choisit des vêtements de dessous de rechange, deux chemises de coton et une demi-douzaine de chaussettes auxquelles il ajouta autant de mouchoirs, un peigne et une brosse à dents.

Quand il eut ficelé le tout dans un fort papier d’emballage, il contempla son œuvre avec un sourire de satisfaction. Puis il se dirigea vers son bureau, prit dans un petit tiroir ses économies amassées depuis des mois : quelques dollars. Joë réservait cette somme pour la fête nationale du Quatre Juillet, mais il la fourra dans sa poche sans l’ombre d’un regret. Ensuite il attira devant lui le sous-main, s’assit et traça les lignes suivantes :

Chers parents,

Ne me faites pas rechercher. Je suis un cancre et je vais partir en mer. Ne vous tracassez pas sur mon compte. Je suis assez grand pour me conduire moi-même. Au revoir, papa, maman et Bessie.

Joë.