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Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/99

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lorsque, tout gamin, il était parti en mer pour la première fois, et les punitions sévères qu’il avait récoltées. Il avait passé le bout mort d’un filin autour de la barre et, tout en parlant, les deux garçons s’étaient assis côte à côte dans l’abri du cockpit.

« Qu’est-ce que c’est que cet endroit-là ? » demanda Joë, comme ils passaient à hauteur d’un phare clignotant au-dessus d’un rocher qui avançait dans l’océan.

« L’île de Goat. De l’autre côté, il y a une école de préparation navale et un entrepôt de torpilles. On peut aussi y pêcher, la morue de rocher y abonde. Nous allons passer dans le vent de l’île, nous traverserons et nous jetterons l’ancre à l’abri de l’île Angel, où se trouve une station de quarantaine. Lorsque Pete-le-Français aura cuvé son vin, nous saurons où il veut mettre le cap. Maintenant, va te reposer et dormir. Je me charge du reste. »

Joë hocha la tête. Les émotions palpitantes éprouvées jusqu’ici lui coupaient toute envie de dormir, surtout à la vue du Dazzler qui, bondissant à toute allure, projetait à l’avant des nuages d’embrun. Ses vêtements étaient maintenant à demi secs et il préféra demeurer sur le pont pour savourer tout le spectacle.

Les lumières d’Oakland, déjà lointaines, commençaient de s’estomper à l’horizon, tandis qu’au Sud celles de San-Francisco, escaladant les collines pour retomber dans les vallées, brillaient sur une étendue de plusieurs kilomètres. Joë promena son regard du grand bureau des vapeurs jusqu’à Telegraph Hill et fut bientôt à même d’identifier les points principaux de la ville. Quelque part, dans cette masse d’ombres