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Page:Londres - Adieu Cayenne.djvu/40

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deux jours ! C’était trop. Je me relevai et je dis : Vive la Belle !

Mon évasion était décidée.

— L’évasion, c’est le risque. Là-bas, les derniers temps, vous étiez privilégié.

— Privilégié, parmi les forçats, beau privilège !

Évidemment, je n’étais pas mal depuis quinze mois. J’avais un laissez-passer, je couchais en ville. La police, me rencontrant après l’heure fixée, faisait semblant de ne pas me voir. Je gagnais mon pain parce que j’étais de ces exceptions qui peuvent travailler en Guyane : mécaniciens, ébénistes. Seulement, vous le savez bien, ce n’est pas une vie de vivre à Cayenne pour celui qui a porté le petit chapeau. On a toujours la marque là, — et il frappa son front, — vous ne la voyez pas, vous, mais, là-bas, les négriots eux-mêmes nous appellent « popotes ». Il faut rester entre condamnés ou vivre seul, tout seul