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Page:Londres - Adieu Cayenne.djvu/74

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démarre pas. Hardi, les pagaies ! C’est notre dernier espoir ! Nous raclons farouchement. C’est la nuit noire. Alors, au milieu du silence, un chant s’élève, accompagnant chaque plongée de pagaie. Un chant de la Bretagne, où l’on parle du Bon Dieu et de la Sainte Vierge, du pays, de là-bas ! C’est Jean-Marie.

Elle flotte, les enfants, hardi ! criai-je.

Elle flotte ! Elle avance vers la haute mer, butant parfois sur le fond, mais à intervalles espacés. Jean-Marie chante toujours. Nous chantons tous. La pirogue ne bute plus. Elle bondit. Elle s’éloigne des palétuviers. « Tu reverras, ta mère, Deverrer », crie le vieux Menœil. Il ajoute : « Et moi, mon épouse ! »

— Au Brésil ! clamons-nous tous. Au Brésil !

Soudain, nous entendons le bruit formidable de la barre qui écume devant nous.

Tout le monde se tait.