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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/132

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L’ÂME QUI VIBRE


VI

Tu dois avoir gagné ta croix, je le sais bien,
Pourtant je la voudrais briser comme une paille,
Ta croix de fer qui me rappelle la bataille
Où la mort, dans un cri, t’arracha de ma main.

Cependant deux grands jours j’ai su lui tenir tête,
Je suis resté dressé deux jours entre elle et toi ;
Mais elle était la Force et moi j’étais le Droit :
Elle me vainquit donc et tu fus sa conquête.

C’est en signe vainqueur qu’elle a planté sa croix
Sur ta tombe où je vais passer tout mon dimanche.
C’est pour cela que je voudrais, telle une branche,
La faire à mon genou craquer comme du bois.

Mais je ne l’ai pas fait par crainte de mal faire,
Car j’aurais pu, sur toi, ranimer le courroux
De quelqu’un qui, peut-être, est au-dessus de nous,
Et ma vengeance, alors, a préféré se taire.