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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/149

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L’ANNIVERSAIRE


Et je me sens en lui si bien enseveli
Que je voudrais me perdre à jamais dans son pli.
Comme il me couvre bien de ses ailes entières !
Et qu’il a su fermer pleinement mes paupières !
Ô toi ! mon généreux et mon plus tendre ami !
Toi, qui, dans mon passé, m’a si bien endormi !
Ne garde pas ainsi, dans ta main menaçante,
Tour mieux l’interroger, ma tête languissante ;
Je suis trop faible encor pour soutenir l’assaut ;
Mais courbe tes bras forts pour m’en faire un berceau.

— Je courberai mes bras puisque tu le demandes
Et je te donnerai mes baisers pour offrandes ;
Et je te donnerai, couché dans mes bras forts,
Près de ton corps à toi, le rêve de son corps ;
Et je ferai pour toi tout ce que l’on peut faire
Car, pour toi, je veux être un bon anniversaire.

— Je crois sincèrement, ô mon grand donateur,
Avoir bien mérité tes marques de faveur.
Car si, depuis un an, je suis tombé sans cesse
Dans mes péchés, dans mes défauts, dans ma faiblesse,
Et si j’ai traversé mes chagrins en chantant,
Je ne l’ai jamais fait de mon cœur consentant.
Si, poussé, certains soirs, par un vent de tourmente,