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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/24

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ABJURATION

Seigneur, j’ai mal à l’âme et je suis sans remède.
J’ai mal et je ne sais pas vous dire pourquoi !
Je voudrais bien prier, mais je n’ai pas la foi,
Et personne, surtout, pour me venir en aide.

Le calme m’ayant pris aux bras de la furie,
M’envahit comme un fleuve et s’épand dans ma chair.
J’ai la sensation que je vais manquer d’air
Et que je vais mourir étranglé par la vie.

Qu’ai-je fait pour subir de pareille tempête ?
Si d’un talent futur c’est la lourde rançon,
Je n’en veux plus, je n’en veux plus de votre don.
Et je vais dépouiller mon corps de son poète.

Reprenez-le, reprenez-le, je suis un homme,
Et je veux vivre en homme et non pas en forçat :
J’ai déjà trop traîné vos boulets comme ça ;
Que l’Art aille chercher d’autres bêtes de somme.