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Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/112

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savent pas souffrir tout le temps qu’il faut pour réussir. Or, la souffrance dans l’évasion est comme le devoir dans certains autres cas, elle ne doit pas avoir de limites.

Pauvre Menœil ! hein ? C’était sa cinquième ! Et il chantait avec tant de confiance, en proue, sur la pirogue !

Jean-Marie et moi, nous passions pour morts. Nous nous étions, paraît-il, enlisés avec Venet. Seulement, disait Pirate, il faut confirmer la légende ; c’est bien, de la part des copains, d’avoir dit ça. Mais ce que je fais est mieux.

— Et que fais-tu ?

— Je vous enlise, chers camarades. À tous les transportés que je rencontre, je débite d’effarants récits sur votre supplice. Toi, Dieudonné, je te fais périr en hurlant. On entendait tes cris, que je précise, jusqu’au dégrad des Canes. Donne-moi vingt francs !

— Assez tapé ! N’as-tu pas honte de saigner deux misérables ?