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Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/127

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Dieudonné arrête un moment son récit. Il se lève et se promène dans ma chambre. Sa pensée travaille maintenant pour son propre compte. Elle a lâché l’évasion, elle est revenue au bagne. Il dit :

— Quel trou hors du monde, le bagne ! Ce Bixier des Âges a été pris, jugé, condamné. Il n’a pas changé de pays, il a eu la perpétuité. Maintenant, il vit à Royale, parmi les compagnons de ceux qu’il tuait. Et que lui disent ces compagnons ? Rien. Au début, l’administration, qui pourtant connaît son monde, redoutait le contact ; elle l’avait isolé au sémaphore. La précaution n’était pas utile. Je l’ai vu dans une case avec cent autres, dont le frère d’un homme qu’il avait assassiné. Tout ça jouait ensemble à la Marseillaise, le bourreau, les victimes. Le bagne, c’est la liquéfaction de tous les sens. Pouah !

… Un coup de vermouth, lui dis-je, et reprenons.