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Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/220

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J’ai la sensation d’avoir déposé un fardeau écrasant.

Je marche devant moi, sans me demander où je vais. Est-ce moi qui ai fait quinze ans de bagne ? Ce doit être un autre.

Le malheur passé me semble presque bienfaisant. Si j’avais vécu ma vie normale, je serais blasé. Tout me paraît nouveau, magnifique, enviable. Je suis mort à vingt-six ans ; je viens de renaître. Mon état-civil dit que j’ai quarante-trois ans ! Sur le papier peut-être ! pas dans le cœur ! J’ai vingt ans ! L’âge de mon fils. Et j’ai un fils ! J’ai une femme ! Je marche droit ; mais mon esprit titube, je suis grisé de joie.

Je me dis : « Eh bien ! mon vieux Gégène, tu as fini de souffrir, hein ! » Je ris à la pensée que je n’aurai pas besoin de me pendre.

Je marche.

Je ne regrette pas d’avoir donné ma