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Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/46

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geaient un chaland. Des douaniers se traînaient aussi lentement que des chenilles. D’autres transportés, torse nu, tatoués comme les panthères sont mouchetées, cherchaient quelque besogne qui leur permettrait d’ajouter un hareng à la pitance administrative. Une machine à découper le bois de rose engloutissait, par son bruit, tous les autres bruits environnants. Quand la pétarade cessait, j’entendais Bibi la Grillade se disputer avec un surveillant :

« Oui, j’ai volé votre poule, lui disait-il, mais, comme vous nous voliez, sur nos rations, le riz dont vous l’engraissiez, je considère la poule comme à moi. » Je le vis partir avec son ami Biribi, chez Quimaraès, bar cosmopolite. Je les regardais de la rue. Ils pinçaient la bonne noire qui les giflait en riant. Des Guyanais allaient, coiffés du catouri, et portant le couac et le tafia pour le repas du soir. Des surveillants militaires promenaient un revolver sur leur panse.