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Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/96

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— Qu’est-ce qu’elle dit, ta loi ?

— Tout corps plongé dans l’eau perd une partie de son poids égale au poids du volume d’eau qu’il déplace. Or notre poids actuel, sur le radeau, est à peu près de trois kilos chacun. Les bois ont absorbé tout ce qu’ils peuvent boire. Si nous ne descendons plus, à présent, c’est que le radeau ne peut plus descendre. Vous entendez bien ?

— Il a raison ! crie Menœil. Ah ! celui-là, quel vieux lapin ! Il ne veut jamais mourir !

Et puis, c’est le silence. Une sorte d’agonie au gré du courant. On a bien froid, le corps submergé. Notre fatigue est si immense que nous dormons quand même quelques secondes, pour nous réveiller quand nos têtes tombent dans l’eau et nous rendormir la minute d’après. Comment pouvons-nous nous cramponner si longtemps à ces pièces de bois ? Nous pensons tous aux requins et aux marsouins. Nous espérons que ni les uns ni les autres ne nous verront.