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Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/183

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Aux pointes, quelques maisons ; aux bases, beaucoup plus, aucune sur les flancs. Coiffée et chaussée, la ville est nue du front aux chevilles. Il y faudrait débarquer muni d’un toboggan.

C’est là que les deux voyageurs se regardèrent dans le blanc des yeux. Allions-nous être forcés de déchirer notre plan de bataille ? Rien ne nous conduisait à l’île Bahrein. Nous comptions sur un pétrolier signalé de loin et pour lequel, subitement, nous avions hissé la voile à Djibouti. Le pétrolier devait aller à Bender-Abbas (Perse), il n’y allait plus. De Bender-Abbas, en louvoyant, nous aurions atteint Linga-la-Perle, puis Doubai-la-Pirate, puis Bahrein-la-Reine. Je ne pouvais tout de même pas m’offrir un yacht, quoique, une fois, j’eusse bien acheté un cheval — borgne il est vrai ! Passer par l’Inde ? Attendre les courriers à Aden, à Bombay, à Karaki ? On ne serait pas à Bahrein avant un mois ! Le malheur était bien dans notre maison. Pauvre conquistador ! On t’avait prévenu de ne pas toucher aux perles !

Un cargo allemand arriva. La rumeur courut qu’il allait au golfe Persique. Il ne prenait pas de passagers, mais avec du charme… Le cargo s’appelait Neidenfels. Il est des noms que l’on n’oublie pas.

Avez-vous essayé de séduire un commandant de cargo allemand ? C’est du sport ! J’en ai encore