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Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/240

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— Alors, tu as connu la Fortune ?

Il répondit :

— Je l’ai vue !

— Prends cette roupie, ami.

Il serra la pièce dans sa main.

— Dieu est grand, Dieu est bon, Dieu est généreux, fit-il.

— Et toi ? dîmes-nous à un troisième.

Les blessés de la perle ne manquent pas. On vous en montre à chaque instant. On n’a qu’à s’arrêter.

L’homme était sourd. Les deux précédents l’étaient aussi, mais comme c’est la règle, on ne pense pas à le signaler chaque fois. Celui-ci toussait. Il vendait des joujoux en carton dont il était l’inventeur, des petits chameaux, des petits lièvres, des petits éléphants, des petits mulets, des petits bateaux : un anna ! Onze sous.

— Et toi ? comment vas-tu ?

— Grâce à Dieu, j’irai mieux pour le prochain rôss et je retournerai au Chati.

— Mais tu es vieux ! (trente-trois ans).

— Mon frère est plus âgé ; grâce à Dieu, il y est encore.

— Pourquoi n’y es-tu pas cette année ?

— J’ai trop toussé de sang.

— Donne-nous tes jouets, on te les achète.

— Tous ?