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Page:Longfellow - Évangéline (trad. Poullin), 1911.djvu/110

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évangéline

épargné par le redoutable fléau. Les pauvres, sans amis, sans serviteurs, allaient mourir à l’hôpital, cette maison de ceux qui n’en ont point. Cet asile de charité s’élevait alors au milieu des bois et des prairies ; il se trouve aujourd’hui au centre de la ville. Mais, au milieu des splendeurs de l’opulente cité, ses humbles murailles, sa porte et son guichet, toujours modestes, semblent répéter doucement ces paroles du Sauveur : « Vous aurez toujours des pauvres parmi vous ! »

C’est là que, nuit et jour, venait la Sœur de la Miséricorde. Lorsqu’elle entrait, les malades se levaient sur leur séant, comme réconfortés par l’expression de douceur qui brillait sur son visage ; elle était tellement bonne et compatissante que ces moribonds, à sa vue, semblaient sentir leur douleur diminuer.

Un dimanche matin, avant de faire sa visite habituelle, elle s’arrêta quelques instants dans le jardin, pour cueillir des fleurs qu’elle voulait offrir à ses chers malades En montant les marches du corridor, elle entendit le carillon de l’église suédoise de Wicaco ; ces sons graves et mesurés répandirent dans son âme un calme inexprimable ; il lui sembla