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Page:Longfellow - Évangéline (trad. Poullin), 1911.djvu/112

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évangéline

vieillard. Ses cheveux longs et grisonnants, s’étendaient en mèches minces et humides sur son visage pâli par la souffrance ; ses lèvres étaient rougies par la fièvre ; sans mouvement, presque sans connaissance, il paraissait sur le point de mourir.

Le cri de douleur poussé par Évangéline tira tout à coup le moribond de l’état de torpeur dans lequel il était plongé ; puis, il crut entendre une voix douce et familière qui murmurait à son oreille : « Gabriel ! ô mon bien-aimé ! » Puis le silence se fit…

Alors, comme dans un rêve, il lui sembla revoir encore le foyer de son enfance, les vertes prairies d’Acadie, avec leurs rivières aux bords ombragés ; le village de Grand-Pré, les montagnes et les forêts ; puis, dans ce paysage vaporeux, il croyait apercevoir, comme aux jours de sa jeunesse, la douce Évangéline qui s’avançait souriante.

Cette vision lui fit venir les larmes aux yeux ; et, en soulevant lentement ses paupières, il aperçut Évangéline agenouillée au pied de son lit. Il voulut prononcer son nom, mais sa bouche ne put articuler que des sons vagues et incompréhensibles ; il voulut se soulever, mais vainement,

Évangéline, agenouillée près de sa couche de