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Page:Longfellow - Évangéline (trad. Poullin), 1911.djvu/40

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évangéline

rêveuse, pendant quelque temps, les pas de son fiancé, qui s’éloignait lentement et comme à regret ; puis elle rentra et couvrit de cendre la braise du foyer. Bientôt on entendit les pas de Bénédict qui firent résonner les marches de l’escalier de chêne.

Après avoir jeté un dernier coup d’œil à l’intérieur de la ferme, Évangéline regagna aussi sa chambre. Rien de plus simple que cette chambrette aux rideaux blancs, aux grandes et larges armoires dont les rayons pliaient sous le poids des étoffes de laine, du linge et de la toile qui les garnissaient, attestant l’habileté et l’activité de la jeune ménagère. C’était là pour son mari une dot bien plus précieuse que celle inscrite au contrat, car c’est là ce qui constitue, bien mieux que toute richesse, une garantie d’aisance et de bonheur pour l’avenir d’un jeune ménage.

Évangéline éteignit bientôt sa lampe ; son cœur alors se gonfla, et ses pensées se portèrent vers son fiancé, malgré elle, un sentiment de tristesse envahit son âme, semblable aux nuages qui, par moments, venaient voiler la clarté de la lune. Elle était loin de se douter que Gabriel, en bas, dissimulé sous les arbres du verger, avait suivi longtemps, d’un œil