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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/100

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entièrement. Les torrents deviennent presque secs et n’offrent guère d’eau que dans leurs bassins, et si cet état durait seulement trois mois, il est à présumer que la surface de la Guadeloupe n’offrirait pas une seule goutte d’eau à ses habitants altérés ; mais la nature a soin de prévenir ce malheur ; il n’est pas de jour, même dans la plus belle saison, que la Soufrière ne soit, par intervalles, plus ou moins chargée de nuages ou de vapeurs qui se résolvent en pluie. Les mousses longues et touffues dont tout son extérieur est tapissé s’imbibent comme des éponges ou de la pluie ou de l’humidité ; puis ces eaux coulent par les nombreuses fissures dont la montagne est comme criblée, et vont se réunir dans les cavernes sombres d’où elles sortent enfin pour aller se perdre dans l’immense réservoir commun.

Quand, au contraire, les pluies ont été abondantes et que, pendant plusieurs jours, les montagnes ont été enveloppées de nuages, ce qui arrive très-fréquemment pendant l’hivernage, les torrents grossissent tout à coup d’une manière prodigieuse, se précipitent avec une vitesse incalculable, roulent, en écumant et avec un fracas horrible, des roches d’un volume plus ou moins considérable. On dit alors que les rivières descendent ; rien ne peut