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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/186

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ceux-là coupent les cannes par bouts qu’ils mettent en tas. Ici des nègres chargent les mulets et les charrettes qu’ils dirigent ensuite vers la manufacture et qu’ils déchargent devant le pavillon. Là des négresses font des paquets de feuilles qu’elles apportent sur leur tête à l’habitation. On lâche l’eau sur la grande roue, tout le moulin est en jeu. Des négresses, placées devant la table du moulin, font passer les cannes entre deux cylindres ; d’autres, placées derrière, les reçoivent et les font repasser entre deux autres cylindres. La canne, alors tout écrasée, ne contient plus de suc et prend le nom de bagasse ; on la porte dans un vaste bâtiment nommé case à bagasse, où, pendant un an, elle se dessèche pour servir, l’année d’après, à chauffer le fourneau. Le jus inonde la table, qui se décharge dans un bac voisin ; de ce bac, au moyen d’une gouttière ou d’un canal, le jus se rend dans la grande, sous le nom de vesou. Le vesou affecte différentes couleurs ; il est ou grisâtre, ou jaunâtre, ou verdâtre, ou blanchâtre. Ces différences tiennent à la qualité du sol qui produit les cannes. Celles qui croissent sur des mornes et dans des lieux éventés donnent le premier ; le second vient des cannes qui croissent dans les fonds ; et celles enfin qui se développent dans des terres trop fortes, produisent les deux derniers, qui sont