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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/207

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Encan de Noirs.

Le moyen le plus prompt pour arriver à la fortune, dans les colonies, c’est l’abominable trafic des noirs, et les négociants en état d’armer des négriers (nom qu’on donne aux navires qu’on envoie faire la traite) manquent rarement de gagner cent ou deux cents pour cent ; ils ont, il est vrai, quelques mauvaises chances à courir, parce que les Anglais, qui protègent ou semblent protéger la liberté des Africains, leur font la guerre et saisissent également navire et cargaison, quand ils le peuvent ; mais ces sortes d’aventures sont très-rares, et sur vingt négriers il n’y en a souvent pas un de pris. Comment en effet ne se sauveraient-ils pas sur la plaine immense de l’Océan ? Ce serait sur les côtes d’Afrique et dans l’Archipel qu’il faudrait veiller, si l’on avait l’intention bien prononcée d’empêcher ce brigandage ; ce serait dans les colonies elles-mêmes qu’il faudrait porter les premiers coups, en sévissant contre quiconque serait convaincu d’avoir introduit des nègres nouveaux, et c’est ce qu’on ne fait pas ; on tolère, au contraire, cet infâme commerce, et les gens en autorité sont souvent les premiers à en aller acheter. Pourvu que les négriers ne viennent point mouiller dans