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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/232

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présence, fait de si grands efforts qu’il arrache les piquets et s’enfuit. Le maître fait donner les vingt-cinq coups de fouet au premier, prétendant, faute de bonnes raisons, qu’il le devait faire garder. Je demandai sa grâce avec beaucoup d’instances, je ne pus l’obtenir.

Souvent la chair de ces malheureux tombe en lambeaux, et pour éviter le tétanos, qui toujours est mortel, on fait verser dans leurs plaies toutes saignantes un mélange de jus de citron, de piment et de sel, remède mille fois plus douloureux que le mal même.

La récidive est punie par les fers et le cachot, aussi bien que le marronage ; ce sont ou de pesants anneaux appelés nabots qu’on leur met aux pieds, ou des chaînes qu’il leur faut traîner, ou encore des colliers de fer armés de pointes recourbées qui s’élèvent jusqu’au haut de la tête, Malgré la pesanteur de ces fers, il ne leur faut pas moins remplir leur tâche. Un surveillant particulier va, le matin, ouvrir la porte de leur cachot ; le soir, il vient les y replonger. Ces cachots n’ont d’autre ouverture que la porte, et sont tout à fait obscurs ; les criminels sont nourris là avec un peu de farine et d’eau, couchant à terre ou sur quelques planches.