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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/234

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mourir de faim dans son cachot ; il vécut vingt jours sans boire ni sans manger. Les empoisonnements cessèrent pour, six mois après, recommencer. Ces messieurs firent alors arrêter un jeune nègre qu’ils supposaient en être l’auteur, et le vouèrent au même sort que le premier ; il ne vécut que dix jours. Malgré cette extrême sévérité, les empoisonnements n’ont jamais cessé que momentanément. Voilà donc, sur leurs habitations, les créoles aussi puissants que la loi, puisqu’ils exercent sur leurs esclaves, c’est-à-dire sur des hommes comme eux, le droit de vie et de mort. Et combien, pour des fautes beaucoup moins graves, condamnent ces malheureux à expirer sous les coups ? combien, même pour des riens, leur font souffrir des supplices inouïs ? Nous pourrions citer un habitant de sous le vent de l’île qui, par un raffinement de férocité, fait garrotter, attacher à terre ses nègres tout nus et verse de l’eau bouillante sur les parties les plus délicates et les plus sensibles de leur corps. Au reste, cet habitant, qui n’a d’humain que l’apparence, ne traite guère mieux sa trop malheureuse épouse.

Quand les esclaves sont malades, on les fait entrer à l’hôpital. C’est une case plus ou moins vaste, située ordinairement près de la maison de maître ;