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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/276

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Dans la saison des orages, qu’on appelle hivernage, le ciel est souvent très-beau ; quelquefois l’œil ne découvre pas un seul petit nuage dans toute son étendue ; mais rien de plus variable alors que l’état de l’atmosphère. Un léger nuage blanc paraît à l’horizon, il s’élève, s’étend, grossit en prenant une teinte bleuâtre, s’approche, couvre bientôt l’île tout entière, ou une partie seulement, et verse la pluie par torrents. Les rivières grossissent soudain, arrachent, entraînent tout ce qui se trouve sur leurs bords ; les villes, les campagnes sont inondées. Ce déluge dure huit ou dix minutes, quelquefois plus, le nuage se dissipe et, tout à coup, le beau temps renaît. Ou bien de gros nuages bleus, fortement électrisés, flottent dans une atmosphère tranquille, viennent lentement se réunir vers le centre de l’île, s’étendent comme un vaste pavillon et lancent, avec un fracas horrible, mille foudres renfermées dans leur sein. Quelquefois le ciel s’obscurcit de toutes parts ; il se forme deux couches de gros nuages gris. Les oiseaux n’ont plus qu’un vol incertain, triste avant-coureur d’un ouragan. L’air s’ébranle, les vents se déchaînent, bouleversent toute la surface de l’île, et dans un instant font perdre au planteur le fruit d’une année de pénibles travaux. Aux ravages des vents toujours une pluie diluviale vient mêler