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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/364

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à lutter contre les buissons épineux. Je pris une direction qui, à ce qu’il me semblait, devait me conduire tout droit à l’habitation de M. O…, chez lequel j’avais dessein d’aller coucher, et, sous un rapport, j’eus lieu de m’en repentir, comme on va le voir tout à l’heure. Les hauts sommets des arbres sont si serrés et leur feuillage si épais, qu’avant même que le soleil fût couché, la nuit régnait déjà dans ces muettes retraites. Cent détours que je fus obligé de faire pour sortir des fourrés où je me trouvais engagé, m’écartèrent de ma direction première et, sans m’en douter, je me trouvai égaré. On conçoit quel fut mon embarras quand je m’en aperçus. Ce n’était pas que j’eusse peur ; je n’avais rien à redouter dans un pays où il n’y avait ni serpents ni autres animaux malfaisants. Mais je me voyais dans la nécessité de passer la nuit à la belle étoile et dans des lieux ordinairement frais et humides. Je ne voyais qu’un moyen d’éviter les inconvénients qui pouvaient en résulter pour ma santé, celui de m’agiter et de marcher continuellement, mais je ne voyais pas comment je pourrais le mettre à exécution au milieu des épines. J’avoue que je regrettais un peu mon lit de la Basse-Terre, quoiqu’il ne se composât que d’un matelas et de deux draps. Cependant mon courage ne m’abandonna pas, et je pris un parti.