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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/107

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Le Comte.

Que vous êtes vraiment charmante, et qu’il faut que vous me fassiez un plaisir.

Laura.

Lequel ?

Le Comte.

Celui de me dire votre nom.

Laura.

Mon nom, mon surnom et tout, cela ne fait qu’un mot : Laura, pas davantage.

Le Comte.

Il n’en est pas de plus gracieux.

Laura.

Vous ne dites jamais ce que vous pensez, vous autres hommes.

Le Comte.

Je suis sincère, moi. Je vous aimerais bien si vous vouliez. Et pour vous prouver que je parle sérieusement, si cela vous plaît, je servirai votre père à la place de celui qui s’en est allé, et je vous donnerai mon cœur.

Laura.

Je réponds oui pour la première offre. Si vous voulez servir mon père, je m’emploierai de manière qu’il vous accorde votre demande.

Le Comte.

Et pour la seconde ?

Laura.

Vous vous moquez.

Le Comte.

Non pas.

Laura.

D’où êtes-vous ?

Le Comte.

D’ici près, de Belmirar[1].

Laura.

Je connais bien l’endroit ; j’y vais à la fête.

Le Comte.

Et, de plus, je suis à vous.

Laura.

Finissez, railleur, vous me trompez.

Le Comte.

Plaise à Dieu qu’ils l’ignorent, ceux qui veulent me tuer !

Laura.

Qui est-ce donc qui veut vous tuer ?

Le Comte.

Vos yeux, dont les flèches me percent le cœur à chaque instant

  1. Comme s’il disait : de Bellevue. Il y a vingt villages en Espagne qui portent ce nom.